Né à Fresselines, instituteur dans la commune pendant quasiment toute sa carrière,
Maurice ROY (1918-1998), mon père, connaissait toute la richesse du patois, sa langue maternelle.
Il en notait sur de petits carnets, au fur et à mesure qu’ils revenaient à sa mémoire, les mots et les expressions, souvent si poétiques.
J’ai pu avant son décès rassembler toutes ces informations et les mettre à la disposition de tous, sur ces pages.
Aux quelques 950 entrées de ce lexique, il avait ajouté des analyses de la grammaire, mais aussi des dictons, des comptines.
L’authenticité de ce rare témoignage est donc garantie.
C’est un véritable ouvrage spécialisé sur le Patois creusois de Fresselines qui est proposé ici.
Vous pourrez naviguer entre les différentes rubriques en cliquant sur les onglets correspondants (ci-dessous).
« Le Patois de Fresselines » existe également en format PDF, téléchargeable en cliquant ici.
Mon intention, et mon plaisir, ont été de garder le souvenir d’un de ces langages qu’on affuble du terme méprisant de « patois ».
L’usage de ce parler disparaît progressivement, grignoté qu’il est par un « français » approximatif de plus en plus vidé de sens grâce aux animateurs de radio et de télévision et aux journalistes.
J’ai cependant connu un temps où nos ruraux possédaient une bonne maîtrise du français, tant écrit que parlé. Je pense aux premières générations qui ont profité de l’école publique. Je me rappelle mon père, né en 1875, et qui n’avait que son Certificat d’Etudes. Ce charpentier-paysan serait capable, à son grand désespoir d’ailleurs, de relever les innombrables fautes de grammaire, de syntaxe et de conjugaison qui émaillent maintenant les copies des bacheliers, les articles de journaux, et parfois les textes signés par un académicien (ne parlons pas de l’orthographe !).
Pourtant, comme les autres terriens, dans sa vie de tous les jours, il parlait ce patois qui s’accordait si bien au travail, qui était un peu comme un outil adapté à la main de l’homme par des siècles d’utilisation.
Il ne serait jamais venu à l’esprit de ces gens qu’il y eût antagonisme entre les deux langages. Le patois, c’était pour l’usage journalier, pour le contact avec l’ouvrage, avec les bêtes, avec les gens du village et des environs. Le français était réservé aux relations avec l’extérieur; c’était le signe d’une conscience nationale, très vive d’ailleurs. Confondre ou intervertir ces deux formes de communication leur eût paru aussi saugrenu que nettoyer les étables en habit de noces ou aller à l’enterrement en sabots boueux.
Dans l’évolution ultérieure, dans l’érosion du patois, notre école a sans doute à faire son mea culpa. Nombreux furent les maîtres, imbus de leur rôle de bâtisseurs de la nation (rôle très effectif sur d’autres plans), qui interdisaient et réprimaient sévèrement l’usage du parler local, même pendant les récréations.
C’est peut-être en partie à cause de cela, et croyant rendre service à leurs enfants, que les paysans plus jeunes se sont mis à leur parler « français » à la maison. Mais le résultat est déplorable. Des interférences inévitables ont contribué à fabriquer un idiome bâtard. Les enfants des villages d’aujourd’hui sont persuadés qu’ils parlent convenablement le langage national et qu’ils n’ont plus besoin de suivre attentivement l’enseignement du français à l’école.
Il est vrai que les programmes et les méthodes actuels ne peuvent qu’aggraver cette situation. La « non-directivité », la priorité à l’oral (et au bavardage), mènent à un psittacisme que viennent empirer encore les moyens audiovisuels qu’on entend sans écouter, qu’on voit sans regarder.
Tant et si bien que nos enfants ne savent pas parler français, tout en étant certains du contraire.
Et, ce qui est très regrettable, ils ne savent plus parler patois.
Je sais bien que, dans certaines provinces, on réagit (trop tard sans doute).
Le breton, le basque, ne sont pas des patois, disent leurs tenants, ce sont des langages. Sans doute est-ce vrai, mais il est bien regrettable que des adultes soient contraints à réapprendre, comme une langue étrangère, le parler de leurs ancêtres.
Quant à l’occitan, il s’agit d’autre chose, surtout d’un certain snobisme qui présente un aspect autoritaire plutôt déplaisant. Oui, il est vrai que de très belles oeuvres ont été dites ou écrites en langue d’oc. Il est certain aussi que Mistral et les félibres ont remis en honneur le provençal, qui est déjà un peu différent.
Mais à vouloir uniformiser, réclamer l’enseignement de l’occitan indistinctement pour les Limousins, les Catalans, les Bordelais, les Auvergnats, les Gascons, les Lyonnais, les Provençaux, etc…, c’est, à une plus petite échelle, faire preuve de ce même jacobinisme que les défenseurs de l’occitan reprochent au pouvoir central.
Les parlers locaux se différenciaient, parfois insensiblement, parfois nettement, à partir de « frontières » géographiques minimes. Une rivière peu facile à franchir divisait le langage dans la mesure où elle limitait les échanges de toutes sortes. Le temps n’est pas si lointain où qui se mariait avec un(e) originaire d’un village éloigné, parlant un patois différent, était autant en suspicion que l’est encore maintenant (hélas!) une Française épousant un Congolais.
Essayons d’être réalistes : une langue commune, comprise (?) et parlée par tous est bien sûr indispensable dans un pays.
Quant à nos dialectes locaux, ne gardons pas d’illusions: il s’agit d’une « espèce en voie de disparition ». C’est désolant, sans doute, car nombre de vocables avaient souvent une sève pittoresque, provenant de racines très profondes.
Mais ils ne vont plus intéresser bientôt que les nostalgiques, et peut-être aussi, malheureusement, des esthètes avides de se faire valoir.
Si nous voulons encore les retrouver, ce sera dans des lexiques aussi poussiéreux que les collections d’animaux d’espèces éteintes qu’on voit empaillés dans les musées.
Pour moi qui ai connu ces mots, qui les ai utilisés, j’éprouve une tristesse certaine à les enfermer dans un cahier, comme j’épinglerais des papillons morts bien aplatis.
Mais que faire d’autre?
Maurice ROY
(rédigé dans les années 1970)
Comme l’a bien souligné Jules MAROUZEAU dans son livre « Une enfance » (le meilleur ouvrage sur la Creuse et la paysannerie creusoise), les sentiments ne s’exprimaient pas. La pauvreté du langage en ce domaine est significative. Ce n’est pas que la dure vie de nos campagnes excluaient la tendresse, l’amitié et même l’amour, non plus que la tristesse, mais une sorte de « tabou » implicite interdisait la manifestation de ce qui semblait sans doute une faiblesse, une vulnérabilité qu’il était préférable de dissimuler.
Nombre de femmes, cependant, à la manière des pleureuses antiques, clamaient leur désolation, sincère ou feinte, au décès d’un proche. Mais cela ne durait que le temps exigé par la bienséance et la tradition. Le mort mis en terre, le travail reprenait le dessus.
La litote, autre forme de langage citée par J. MAROUZEAU, s’inscrit sûrement dans ce contexte. On affirmait souvent par la négation du contraire:
co fiè pas frâye = il fait chaud [il ne fait pas froid]
co fiè pas chau = il fait froid [il ne fait pas chaud]
ou z’é pas vilain = il est beau [il n’est pas laid]
co viè pas mal = ça va bien [ça ne vas pas mal]
etc.
En revanche le vocabulaire paysan était très riche en termes se rapportant aux sensations: ouïe, toucher particulièrement.
Même abondance de mots se rapportant aux travaux courants, aux outils, aux animaux domestiques et à leur comportement.
Plus de 950 entrées figurent dans cette rubrique !
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La description de la grammaire, des conjugaisons en particulier, est très complète.
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reste bref [a] dans les terminaisons de l’infinitif et du participe des verbes du premier goupe.
(Le r final de l’infinitif est escamoté).
Ex.: mârcha = marcher / marché / le marché.
devient -au, prononcé ouo.[wo]
Ex.: in chouo = un cheval
in pouo = un pieu (pal)
fouo ben = il faut bien
fouocha = faucher
Exceptions : in étau; l’épale (= épaule).
devient iet dans certaines syllabes.
Ex.: la tiette = la tête
fièrre = faire
parfois ouèis
Ex.: la mouèison = la maison
Le e devient muet
Ex.: v(e)rtouèra = tourner
f(e)rgassa = fourrager
b(e)rdassa = cahoter
Mais pas de transformation dans des mots monosyllabiques ou lorsque -er- est en terminaison.
Ex.: vert, verre, overt (= ouvert).
devient -a.
Ex.: le pra = le pré
le bia = le blé
mârcha = marcher
(et tous les verbes du 1er groupe)
devient –ade.
Ex.: copade = coupée.
Le r est escamoté dans les terminaisons d’infinitif : veni(r), sorti(r).
devient -in(t).
Ex.: le vint = le vent
ou vind = il vend
la dint = la dent
le timps = le temps
devient -an (retour au latin).
Ex.: la man = la main
le pan = le pain
demañ = demain
la fan = la faim
L’inverse existe aussi:
Ex.: mamain = maman
se prononce « à l’espagnole » comme gn [ñ].
Ex.: le vin-gne = le vin
le coin-gne = le coin ou le coing
le poin-gne = le point ou le poing
brun-gne = brun
chacun-gne = chacun
le bain-gne = le bain
le train-gne = le train
devient -ou surtout devant m, n, (gn).
Ex.: la poumme = la pomme
la soumme = la somme
dounna = donner
tounna = tonner
cougna = cogner
sounna = sonner
houmme = homme
Mais: bonbonne, le somme.
souvent prononcé proche du « â ».
Exemples: la corne, la porte, sorti(r), la corde.
Mais pas toujours: la forme, l’orme se prononcent comme en français.
deviennent -ouo.
Ex.: chouo = chaud
le grapouo = le crapaud
houo = haut
devient -io.
Ex.: la pio = la peau
le râtio = le râteau
le b’dio = le veau
Sauf quelques mots: chameau, tonneau.
donne parfois -è / -et ( retour au latin).
Ex.: la père = la poire
crère = croire
dret = droit
verre = voir
donne parfois -ouais (ancien français).
Ex.: Françouais = François
le bouais = le bois
le fouais = le foie
le crouais = la croix
le pouais = le poids ou le pois
donne parfois -aï.
Ex.: la faïre = la foire
naïre = noire (nâï au masculin)
devient -er.
Ex.: recever = recevoir
dever = devoir
devient -oué.
Ex.: le mouchoué = le mouchoir
l’entounnoué = l’entonnoir
devient -eux pour les noms ou adjectifs masculins.
Ex.: le tailleux = le tailleur
le faucheux (fouocheux) = le faucheur
menteux = menteur
Le -r final est parfois escamoté.
Ex.: la pau = la peur
la chalou = la chaleur
la valou = la valeur
devient parfois -oux.
Ex.: heuroux = heureux
malheuroux = malheureux
saignoux = saigneux
Mais beaucoup d’exceptions: peureux, sérieux, furieux, affreux, etc.
devient -au parfois.
Ex.: in fau = un fou
caurre = courir
faurra = fourrer
devient -eu.
Ex.: la neut = la nuit
tcheut = cuit
la treue = la truie
dépeus = depuis
an eut = aujourd’hui
devient -ge.
Ex.: le fouger = le foyer
negea = noyer (verbe)
le nouger = le noyer
essugea = essuyer
bregea = broyer
Mais: ennoya (= ennuyer).
deviennent mouillés.
Ex.: biond = blond
la quioche = la cloche
le illas = la glace
piein = plein
Mais: le placard, la glace (miroir).
le e s’intercale entre les consonnes.
Ex.: b(e)rdassa = secouer, cahoter
c(e)rva = crever
c(e)rcilla = craquer
f(e)rmigea = fourmiller
p(e)rmer = premier
mais pas une autre voyelle: branche, brave, craqua, cracha, frotta, promena.
Consonnes mouillées:
– Les consonnes d ou gu de certains mots français sont devenues, dans notre patois, dj mouillé [d¡Z].
Ex.: le djiable [d¡Zab] = le diable
djieu [d¡Z¿] = dieu
la djièpe [d¡ZEp] = la guêpe
djière [d¡ZEr] = guère
Cf. dialecte ancien : « J’avons point étugué comme vous… » (dans une pièce de Molière où le son devait se prononcer [d¡Z])
– De même le son [k] ou [t] devient tch mouillé [tS] .
Ex.: tchioua [tSwa ] = tuer
tchiau-tchi [tSotSi ] = celui-ci
le tchieur [tS¿r ] = le cœur
Ex.: le bé = le bec
le sa = le sac
la cou = la cour (mais on dit le tour)
l’œu = l’œuf
le bœu = le bœuf
Même chose pour l’infinitif des verbes en -ir:
veni = venir
[La colonne de droite contient la « traduction ».]
« Temps blanc ramène la bergère des champs. »
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« La gelée blanche passe sous la planche. »
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« Quand on cret tcheure, son fou(r) tombe. »
| Quand on croit cuire, la chaleur du four tombe. (espérance déçue) |
« Chat mita n’a jamais prés de rat. »
| Chat ganté n’a jamais pris de rat. |
« Comme la carcailla : quand all’ a le sa(c), all’ a pas le bia. »
| Comme la caille : quand elle a le sac, elle n’a pas de blé. |
« Las tridés chant(e)rint pas comme los merlés. »
| Les grives ne chanteront pas comme les merles (= Il y aura de grosses difficultés.) |
« A la mi-février, la boune merlasse coué. A la mi-mar(s), la mèr’ all’ part.
| A la mi-février, la bonne merlette couve. A la mi-mars, la mère part. |
Entre mar’ et avri’, in bon merle souove los petits. »
| Entre mars et avril, un bon merle sauve les petits. |
« Entre mar’ et avri’, on sa(it) si l’coucou é mort ou en vie. »
| Entre mars et avri, on sait si le coucou est mort ou vivant. |
Si la pie construit son nid au sommet des fines branches, il n’y aura pas d’orages violents au début de l’été. |
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Chien geignard vit longtemps. |
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« Conte, bata conte |
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La chébre à moun onquie | La chèvre de mon oncle |
All a fait dous petits chebris. | (Elle) a fait 12 petits chevreaux. |
Le pus p’tit é tout fouérou, | Le plus petit est tout foireux (= merdeux) |
X t’y léchra le tchou. » | X, tu lui lècheras le cul. |
( Sur l’air de « J’ai des pommes à vendre ») |
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« Tournas vous, viras vous, | Tournez, virez |
Et vous serez mon geindre. | Et vous serez mon gendre |
Vous f’rez los palissous | Vous ferez les paniers |
Et min i los port’rai veindre. » | Et moi, j’irai les vendre |
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« Ban, ban beline, Sainte-Catherine. » |
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(Pour endormir l’enfant.) |
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« Né, né, ban, ban. » |
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« Son, son, vène, vène, vène, | Sommeil, viens. |
Son, son, vène, vène donc. » |
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(Pour endormir l’enfant.) |
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« Bête de Saint-Jean, bête de Saint-Jean, baille me de ton sang rouge, t’en âras de mon bian. » | Bête de Saint-Jean (= scarabée ???), donne moi-de ton sang rouge, je t’en donnerai de mon blanc. [Lorsqu’on crache sur le ventre de l’insecte, il émet un liquide rouge] |
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« B(e)rdi, b(e)rdo, combien que j’ai d’sous dans mon sabot? » |
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« Pierrot la giñgeolle, | Pierrot ???, |
Ta fin-ne all’ é folle, | Ta femme est folle, |
Toun âne é bouétous, | Ton âne est boîteux; |
Pierrot l’malheuroux. » | Pierrot le malheureux. |
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« Pauceret, |
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Laridet, |
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Maître det, | Maître doigt |
Jean Goussaud, |
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Petit courtaud. » |
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(Comptine pour les doigts de la main) |
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« La lèbre a passa tchi, | Le lièvre est passé ici, |
Tcho tchi la voîde, | Celui-ci l’a vu |
Tcho tchi l’a attrapade, | Celui-ci l’a attrapé |
Tcho tchi l’a sangnade, | Celui-ci l’a saigné |
Tcho tchi a bedju le sang, | Celui-ci a bu le sang |
Et tcho p’tit riquiqui qu’en vouille tant, | Et ce tout petit qui en voulait tant |
Ou z’a tomba dins l’étang. » | Est tombé dans l’étang. |
(Comptine pour les doigts de la main) |
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« D’où viens-tu? |
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De l’affût. |
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Qu’as-tu vu? |
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Un p’tit rat. |
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Et ma part? |
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Alle é dins l’arche. » | Elle est dans l’arche (= la maie) |
(Comptine pour les doigts de la main) |
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« Bourre, bourre, | Débris, débris |
Sors de moun œil, | Sors de mon œil, |
Rintre dans mon tchou. » | Rentre dans mon cul. |
(Incantation pour faire sortir un débris de l’œil) |
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« Louriou, garde los bious, laiss’ mangea los torous. » | Loriot, garde les veaux, laisse manger les taureaux. |
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« Et toute la noye, la chine al’ jappe | Et toute la nuit, la chienne jappe, |
Et toute la noye all’ a jappa. | Toute la nuit elle a jappé. |
Ah! t’en aura dau pan Finette, | Ah! tu en auras du pain Finette, |
Quant’ los biés nâyes serint copas. » | Quand les blés noirs seront coupés. |
(Souvenir d’un temps de misère, de disette.) |
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« I la prins chez pas grand’chose, | Je la prends chez Pas-grand-chose |
I la mène chez rin dau tout. » | Je l’emmène chez Rien-du-tout. |
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« Marie ton gars (bis) quand tu voudras, |
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Marie ta fille (bis) quand tu trouveras. » |
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« D’aneu huit jou’, te gardras pus las ouéilles, ma mignoune; | D’ici huit jours, tu ne garderas plus les moutons, ma mignonnne |
D’aneu huit jou’, ne couchrins tous los dous. » | D’ici huit jours, nous coucherons ensemble. |
« Mange pan gâgna! » = | Bon à rien! Paresseux! |
« Juif errant! » |
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« Choléra! » |
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« Charogne! » |
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« Loup-garou! » |
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« Chat-ouiñ de gôrle! » | Chat-huant de trou d’arbre |
« La poupide te p(e)rgne! » | Que la pépie te prenne! |
« Ch’ti comme la mère daus poyes. » | Méchant comme la mère des poux |
La volaille avait droit à des appels particuliers: · les poules: « Piite, piite, ta! » · les canards: « Goulu, goulu! » · les oies: « Pilo, pilo! » |
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Chant du pinson : « Tui, tui, tui, binn’ los ognons, la salade, la chicouri. » | Tui, tui, tui, bine la salade, les oignons, la chicorée. |
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Le rossignol : « Pouss’, pouss’, La vigne all’ pousse. S’i m’endeurs, all m’env(e)rtouille. » |
Pousse, pousse, La vigne pousse Si je m’endors, elle m’entortille. |
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Le louriou (le loriot) : « Tire taujou! » | Tire toujours ! |
L’ajasse (la pie) : « Arrache! Arrache! » |
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La puput (la huppe) : « Tir’ pus! Tir’ pus! » | Ne tire plus ! |
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Cri du geai manqué par un chasseur : « Gar’! Gar’! Qu’a t’a tu joingne? » |
« Gare ! Gare ! Est-ce que ça t’a touché ? » |
Le chat devait se suffire à lui-même. Au menu : souris, lézards à la belle saison, ce qui le faisait maigrir. Exceptionnellement, on lui laissait un peu de lait « bego« , coloré par le colostrum après le vêlage.
Le chien avait droit à un nom: il fallait bien le commander ou le rappeler. C’était le plus fréquemment une chienne, ce qui permettait la continuité. Son travail consistait surtout à contrôler le troupeau, peu nombreux: « Vire la Rosée ! Mords-la au pied ! ». On le réprimandait: « Tôt sus ! ». Quand il avait bien fait son œuvre de gardien, on le récompensait par un petit morceau de pain: « Ta ta paillette ! » (Tiens, ta paye !). Sa nourriture était faite de quelques restes. On lui permettait aussi d’avaler l’amnios après vêlage des vaches. A part cela, il chassait pour son compte mulots et campagnols.
Les porcs étaient eux aussi peu nombreux. L’un d’eux était destiné au ravitaillement familial (salé, jambons, andouilles, boudins, pâtés). On les nourrissait d’une pâtée de légumes additionnée de son. On les appelait « Roubi ! Roubi ! Tiñ ! Tiñ ! », « Ta, mon rat, ta ! »
Les vaches n’avaient pas de « numéro minéralogique » à l’oreille. Peu nombreuses, une dizaine au plus, elles avaient un nom : Fauvet, Roset, Mouton, qu’elles connaissaient. Pour les faire venir « Vette ! Vette ! » On les accompagnait à l’abreuvoir avec une mélopée: « A l’iaigue! A l’iaigue! »
Les moutons répondaient à l’appel: « Prr ! Chcade ! »
Les chèvres: « Belo ! Belo ! »